Ecrire, c’est comme s’entraîner pour courir un marathon

Pour moi, écrire c’est comme s’entraîner pour courir un marathon. Je ne laisse rien au hasard pour atteindre mon objectif ultime : terminer la rédaction de mon roman, qui s’apparente à courir 42,195 km. Le challenge est de taille. Mais il est réalisable à condition d’avoir établi une bonne préparation de course. 

J’ai mis en place un programme précis et évolutif : m’entraîner deux fois par semaine à raison de trente minutes par séance. Au bout de trois mois, je ne suis plus essoufflée après chaque séance d’entraînement. Je suis si heureuse après avoir parcouru toutes ses lignes, écrit tous ces mots que j’ai décidé d’allonger la durée de mes séances d’une dizaine de minutes chaque semaine. Ma pratique hebdomadaire a renforcé ma motivation et mon bien-être. Un véritable cercle vertueux !

Chaque séance suit le même rituel. Je prépare mon matériel mais aussi mon ravitaillement. Il faut s’alimenter et s’hydrater à intervalles réguliers pour ne pas subir de fringale en chemin ni ressentir de crampes au milieu de l’ouvrage. Le fameux « mur » du 30ème kilomètre, tous les marathoniens l’appréhendent. Les écrivains aussi. 

Maintenant, j’ai ma routine et je pratique ma course à pied littéraire trois fois par semaine. Pour rien au monde, je ne manquerai ce rendez-vous avec moi-même, mes personnages et mon histoire. Pour ne pas m’épuiser, j’alterne les courses faciles et les courses plus longues. Je varie les parcours en m’échauffant dans mon journal intime ou bien en m’essayant à la poésie. J’emprunte alors des chemins luxuriants de verdures, je dévale les berges des rivières, j’accélère dans les pentes abruptes des collines en m’enivrant de l’air pur de la campagne. Puis je reprends le chemin du bitume qui me ramène sur la route de mon roman encore inachevé. J’apprécie chaque entraînement car je sais qu’il me rapproche de mon objectif : finir cette course avec moi-même, terminer ce projet qui me tant tient à coeur, faire aboutir tout ce travail en franchissant la ligne d’arrivée que symbolise le mot « fin ». 

J’en suis encore loin mais je ne relâche pas mes efforts. Peu importe ma vitesse. Peu importe mon chrono. Il s’agit juste de veiller à continuer d’écrire sur le même rythme, de respecter mon aisance respiratoire, d’être dans l’effort régulier. Au gré des entraînements, je franchis les kilomètres pages après pages, chapitres après chapitres. Je regarde de temps en temps ma montre. Les yeux rivés sur le goudron blanc de mon écran, je me tiens légèrement penchée en avant. Je poursuis l’effort sans me retourner, sans me soucier de mes erreurs, sans me préoccuper des autres auteurs. Je n’ai qu’un but : rajouter au moins trois ou quatre feuillets à ce livre qui n’en finit plus, pour terminer. Je m’essouffle. Je sens la fatigue me gagner. Serait-ce le syndrome de la peur du débutant, qui doute, qui se sabote ? Serait-ce le fameux « mur » du 30ème kilomètre le jour de la course qui vous fait jeter l’éponge ? 

Je n’abandonnerai pas. Non, jamais, pas aussi près du but. Il ne reste après tout qu’une douzaine de pages ! Je ralentie mon allure. Je me ménage. Je marche un peu tout en avalant goulûment ma boisson et ma barre énergétique. J’inspire puis j’expire plusieurs fois de suite. L’air me fait du bien. Il a dynamisé mes neurones qui se connectent et activent mes doigts sur le clavier, d’abord lentement puis de plus en plus rapidement. Je me sens mieux. J’ai relancé ma machine à écrire interne. J’y suis presque. Je vois la banderole « Arrivée » se profiler à l’horizon. J’entends sur le bord de la route les encouragements des spectateurs : « Allez Véronique ! Tu y es presque ! Encore un effort ! » Oui, encore quelques pages, encore quelques phrases et je pourrais m’écrouler de fatigue, les doigts raidies par les crampes, ne souhaitant plus qu’une chose : vomir mon épuisement. 

Chancelante, j’ai passé la ligne d’arrivée. On me félicite. Mais ce n’est pas fini. Non, ce n’est pas fini même si le plus dur est fait. 

Après quelques jours de repos mérité, je reprends l’entraînement pour évacuer les toxines. Se décrasser comme on dit. Toutefois, il n’est pas question de se précipiter. Alors je parcours mon texte en trottinant tranquillement. Je relis. Je rature. J’annote.  Sans précipitation. Bientôt, oui, j’aurais terminé. Bientôt. 

Mais parce que j’ai été piquée par le virus de l’écriture et de la course à pied, je recommencerai !

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